Exposition de Michal Batory « Retroperspektywa » en mode virtuel.
Article mis en ligne sur le site de la Fondation Alliance française.
C’est sous ce néologisme que Michal Batory, artiste franco-polonais, né à Lodz il y a 60 ans et installé à Paris depuis la fin des année 80, avait choisi d’annoncer cette grande exposition. Cela faisait autant référence à ce regard posé sur plus de 30 ans de création qui rappellera à quiconque a arpenté les rues de Paris lors des trois dernières décennies quelques souvenirs d’une époque qui nous semble aujourd’hui déjà lointaine, qu’au temps à venir et ce qu’il nous réserve comme surprises et évolutions. Force est de constater qu’avec la distance, on pourrait presque interpréter ce titre comme prophétique.
Tout était prêt pour le vernissage qui devait avoir lieu dans les locaux de l’Alliance Française de Lodz le 13 mars 2020, soit près d’un an après le début de la planification du projet. Organisée par l’Alliance Française de Lodz en partenariat avec le muzeum Fabryki, la galerie Ultramaryna et la galerie Re:Medium, et grâce au soutien de nombreux partenaires*, dont le soutien particulier du SCAC de l’ambassade France en Pologne, cette exposition avait pour singularité d’être disséminée dans quatre lieux de la ville, permettant par là même à 4 galeries de taille moindre d’accueillir les travaux d’un artiste emblématique de Paris et de renommée internationale, tout en invitant à une promenade d’un bout à l’autre du centre ville. C’était la tête d’affiche de la saison culturelle de l’Alliance, à la mesure du triple anniversaire que nous souhaitions célébrer: 10 ans dans les lieux, 40 ans d’existence ininterrompue dans la ville et 108 (!) ans depuis la première création.
Mais ces derniers temps, rien ne s’est passé comme prévu. En effet, l’épidémie de coronavirus a mis à mal le déroulement des opérations. Seulement deux jours après l’arrivée de l’artiste Michal Batory à Lodz, le lundi 9 mars, ont circulé en effet les premières rumeurs de mesures à prendre pour endiguer la pandémie qui s’annonçait. Les premières décisions gouvernementales n’ont pas entravé le montage des oeuvres dans les diverses galeries engagées, mais l’artiste et les organisateurs commençaient à s’attendre au pire, tout en espérant que cela n’arrive qu’après le vernissage.
Les affiches ont été montées comme prévu dans la galerie Ultramaryna le lundi 9 mars, dans la galerie Re: Medium le lendemain et enfin le surlendemain au muzeum Fabryki, la sensibilité de l’artiste animant chaque lieu d’une ambiance particulière.
Pourtant, c’est bien ce jour-là, le mercredi 11 mars, que tout a basculé. Le gouvernement a annoncé la fermeture de toutes les institutions publiques, écoles, lycées, musées, théâtres, cinémas, restaurants et bars, et a interdit dans la foulée tout rassemblement de plus de 50 personnes.
Les équipes des galeries venaient en effet d’apprendre que les vernissages prévus le 13 et 14 mars n’auraient plus lieu et que les lieux accueillant l’exposition seraient contraints de fermer le temps de l’épidémie.
Le jeudi 12 mars, jour de l’installation des vitrines de l’exposition Michal Batory à l’Alliance Française, c’est tout le complexe commercial Manufaktura qui a fermé ses portes, ce qui a aussi signifié la suspension provisoire des activités pédagogiques et culturelles de l’Alliance.
Si les interviews données à la télévision ont eu bel et bien lieu tout au long de la semaine, ce fut finalement pour annoncer que tout était prêt, mais que nous ne pourrons ouvrir cette exposition au public dans les circonstances actuelles. L’inauguration s’est déroulée en petit comité à l’Alliance Française en présence de l’artiste et de ses proches.
La déception est certes grande, mais nuancée par le sentiment d’impuissance face à un phénomène qui nous dépasse. La question qui s’impose maintenant à nous est la suivante : le public pourra-t-il avoir accès aux oeuvres avant la fin officielle de l’exposition, reportée au mois de mai 2020 ?
Une chose est sûre : la promotion de l’événement sur les réseaux sociaux a été un franc succès. Les préparatifs ont été suivis par la presse et la mairie, l’inauguration a été filmée et diffusée en direct sur Facebook et de nombreuses photographies du montage dans les différents lieux, postées sur différents réseaux (Facebook, Instagram), ont été partagées et relayées par les personnes du réseau et les fidèles de l’artiste. Les milliers de réactions sont un réconfort certes modeste dans les circonstances actuelles, mais mais confirme bien la pertinence de notre projet et l’intérêt du public.
Ainsi, grâce à la communication digitale et à l’implication des équipes, on peut dire que l’épidémie de coronavirus n’a pas atténuée l’engouement autour de l’événement. Malgré les fermetures des galeries, de l’Alliance et du muzeum Fabryki, nous avons su, autant que les circonstances nous le permettent, trouver une manière judicieuse de la mettre en valeur. L’exposition vit sa vie. Sa nouvelle vie numérique pas spécialement prévue initialement.
Ce déroulement ne rappelle-t-il finalement pas les parcours muséographiques entièrement virtuels au sein des musées ? Est-ce cela la perspective pour faire vivre les expositions et les artistes dans les temps à venir ? Bien malin qui peut aujourd’hui répondre à cette question.
* Cette exposition a été organisée par l’Alliance Française de Lodz sous le haut-patronage de Mme Hanna Zdanowska, maire de la ville de Lodz, et grâce au soutien de nos partenaires: l’ambassade de France, la ville de Lodz, la Manufaktura, Leroy-Merlin, l’imprimerie Oltom, l’agence de marketing Boom, la compagnie de publicité Ströer et l’Institut Francais de Pologne.
Dès que nous pourrons reprogrammer l’ouverture de l’exposition, nous nous réjouissons de pouvoir compter sur le soutien de la boulangerie Montag, du producteur de Champagne SP, du magasin de vins Appellation ainsi que des entreprises de catering Prestige et Highway.Merci enfin à nos partenaires médiatiques: Life in Lodzkie, TV Toya, Radio Lodz, TVP3 Lodz et le site tulodz.pl.
Lucas Dymny, directeur, Alliance Française de Lodz et Anna Cretu, stagiaire
Vidéo avec les sous-titres en français :